PREMIÈRE MOITIÉ DU XVII° SIÈCLE                     281
a plusieurs fois recours aux tapissiers d'Audenarde. 11 n'y avait donc pas dans la ville d'atelier de tapisserie. Cependant un certain Pierre Regnier, demeurant à Valenciennes, livre deux tentures, en 1643, au sieur d'Heudicourt, gouverneur de Landrecies; mais ce Regnier n'était probablement qu'un marchand ou un commis­sionnaire.
Lille. — Vincent van Quickelberghe, d'Audenarde, vint cher­cher fortune à Arras vers le commencement du x'vii- siècle. Il ne trouva pas dans cette ville les ressources qu'il espérait, et, en 1625, nous le voyons fixé à Lille. Le magistrat lui accorde une pension annuelle de 100 florins, à la condition qu'il enseignera son mé­tier à quatre enfants pauvres. Cette pension fut continuée aux fils de Vincent, Jean et Emmanuel, venus à Lille à la suite de leur père. En 1637, Emmanuel van Quickelberghe part pour Mortlake, tandis que son frère reste à la tète de l'atelier fondé par le chef de famille. La pension payée à ce dernier figure sur les comptes de la ville jusqu'en 1641.
Vers la même époque, c'est-à-dire en 1634, un autre tapissier d'Audenarde, nommé Gaspard van Caeneghem, offrait au corps municipal de se fixer à Lille et d'instruire trois enfants pauvres, à la condition d'étre exempté de toutes charges et de ne pas payer de loyer. Cette expérience fut de courte durée, car en 1639 van Caeneghem avait quitté la ville.
En somme, pendant le cours du xvii0 siècle, la brillante indus­trie qui avait fait la fortune et la gloire des Pays-Bas sous le règne de Charles - Quint se montre en décadence dans tous les centres flamands. Les tapissiers, ne trouvant plus l'occasion d'exer­cer leurs talents dans leur patrie, sont réduits à se répandre dans les pays environnants ou bien à chercher fortune au loin. Jamais occasion aussi favorable ne s'est présentée pour enlever à cette labo­rieuse contrée un des plus "beaux fleurons de sa couronne indus­trielle. Henri IV a-jugé la situation avec le coup d'œil du génie, et nous allons assister à ses intelligents efforts pour mettre la France en état de lutter avantageusement contre les provinces espa­gnoles, et de conquérir, en fin de compte, ia suprématie dans cette branche spéciale des arts somptuaires.